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Titre de la source : La lutte contre l’excision des fillettes et des femmes au Soudan : entre politiques volontaristes, mondialisation et résistances socialesAuteur(s) : Barkahoum Ferhati
Éditeur(s) : Revue Asylon(s)
Pays d'édition :
Année : 2006
La lutte contre l’excision des fillettes et des femmes au Soudan : entre politiques volontaristes, mondialisation et résistances sociales (en ligne sur le site du réseau Terra)
Comment la société civile soudanaise, à savoir les ONG locales et étrangères, envisage-elle la lutte contre l’excision ? Comment aborde-elle la question ? Quelles méthodes et quels moyens utilise-elle pour lutter contre cette pratique ?
Dans cette communication, l’auteure, Barkahoum Ferhati, se propose d’effectuer un premier examen des projets mis en place au Soudan pour lutter contre l’excision et d’en identifier les acteurs puis de confronter les programmes à la réalité du terrain, à travers l’exemple de la « zone squattée » de Shikan, située au nord de Khartoum.
Début de la communication :
« Le site de Shikan
Il existe autour de Khartoum plusieurs sites accueillant des populations fuyant les guerres et les famines. Ce sont les « camps de déplacés » répertoriés comme tels mais aussi les « zones squattées » au statut plus indécis, les premiers établis par l’Etat, dans l’urgence et sous la pression internationale, dans les années 1980 pour accueillir et contrôler des populations déplacées venant du sud et de l’ouest du pays en raison de la guerre et de la sécheresse. Ces camps se sont peu à peu agrandis pour accueillir toute sorte de populations et ont parfois « débordé » sur leur environnement. Grâce à l’aide de la communauté internationale, ils ont été plus ou moins dotés d’infrastructures de première nécessité. Quant aux zones squattées laissées pour compte, elles se sont créés plus spontanément, à l’initiative de populations en détresse, déplacées mais aussi pauvres urbains. Ce sont des sortes de ghettos dénués de tout équipement. Devant la carence de l’Etat et de la municipalité (qui se refusent à entériner un état de fait qui leur échappe), ce sont les ONG qui ont pris en charge ces lieux et leurs populations. La plupart des ONG humanitaires s’intéressent aux conditions de vie des femmes et de leur famille. Le « gender », concept anglo-saxon par excellence, est au cœur de leur problématique. Des masses financières importantes sont allouées aux divers programmes qui y sont liés : le micro-crédit, en pleine expansion, qui sert à soutenir des activités génératrices de revenus (cuisine, artisanat, couture, etc.) leur permettant de se prendre en charge et de se rendre indépendantes ; des ateliers de sensibilisation et de formation à la santé (soins de base, hygiène, vaccination, etc.), à l’éducation, aux droits des femmes, à la résolution des conflits, à la construction de la paix, à la lutte contre les « mauvaises traditions » telle l’excision.
Shikan est une zone squattée érigée spontanément en 1983, peuplée de plus de 200 000 habitants venus des quatre coins du pays, avec une majorité de femmes et d’enfants. Située à 20 km au nord de Khartoum, elle manque de tout équipement. C’est l’ONG locale AZZA, avec le soutien financier et administratif d’ONG étrangères et de bailleurs de fonds internationaux, qui a occupé les lieux pour venir en aide aux populations en détresse. AZZA a notamment été soutenue et aidée dans sa démarche par DED (German Developpment Services), organisation allemande para-gouvernementale, et EMDH (Enfants du Monde – Droits de l’Homme), organisation française.
A partir de 2001, ces trois ONG ont équipé le site d’un « Centre de renforcement des capacités des femmes », abritant un service de santé, un jardin d’enfants et des espaces d’accueil des femmes pour des formations et des « campagnes de sensibilisation ». Ce fut pour moi un observatoire idéal dans la perspective d’une recherche sur la diversité des populations issues de l’ensemble du pays, sorte de microcosme ethnique dont le rayonnement, du fait de sa fréquentation en faisait un espace de rencontre, d’échange et de réconciliation entre femmes de toutes origines. » Lire la suite
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