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Titre de la source : Déni d’agents politiques et déni de groupe social : la position marginale des demandeuses d’asile en FranceAuteur(s) : Isabelle Desrue
Éditeur(s) : Revue Asylon(s)
Pays d'édition :
Année : 2006
Déni d’agents politiques et déni de groupe social : la position marginale des demandeuses d’asile en France (en ligne sur le site du réseau Terra)
Dans cette communication, Isabelle Desrue s’attache à montrer comment les femmes demandeuses d’asile peuvent être marginalisées dans les politiques d’asile étatiques du fait de leur genre et selon une objectivisation des facteurs sociaux, ethniques, politiques et/ou économiques mis en œuvre dans le processus d’asile. Il s’agit donc de démontrer et démonter les mécanismes d’exclusion/inclusion inhérents aux différentes politiques d’asile dès lors que le rapport au politique, que sous-tend le rapport à l’asile, est lié au rapport de genre, de classe et d’ethnicité.
Cette analyse s’appuie sur des témoignages de femmes demandeuses d’asile, réfugiées statutaires, déboutées du droit d’asile, qu’il soit conventionnel ou territorial.
Début de la communication :
« Rapport à l’asile/ rapport au politique
Tout d’abord je voudrais clarifier ce que j’entends par le rapport à l’asile comme un rapport intrinsèquement politique. En effet, la Convention de Genève stipule bien que le statut de réfugié peut être attribué à toute personne ayant des craintes de persécution du fait de « sa race, de ses opinions politiques, de sa nationalité, de sa religion ou de son appartenance à un groupe social ». Or, les persécutions liées à des opinions politiques sont surdéterminées dans le processus d’asile, c’est-à-dire que ce sont elles qui prévalent dans l’octroi au statut de réfugié, voire même que celui-ci est conçu et compris comme tel. Cette appréciation est liée à une construction historique, lorsque que le statut de réfugié fut créé essentiellement pour les ressortissants des pays de l’Est fuyant le communisme. Elle a des incidences aujourd’hui sur l’attribution du statut de réfugié du fait que la géopolitique a radicalement changé et que les réfugiés ont eux-mêmes changé de nature, voire, dans une proportion moindre, de genre.
Cette propension à ne considérer le statut de réfugié que sous l’angle de persécutions dues aux opinions politiques est largement responsable de la crise de l’asile qui dure depuis 20 ans, mais qui s’accentue de plus en plus et se révèle notamment dans les propos récents de monsieur De Villepin, en mai 2005, alors ministre de l’Intérieur prétendant qu’« un pays qui n’a pas de dictature sera un pays sûr. C’est un pays sans crise, stable et démocratique. » Ces propos qui sous-tendent que seules les personnes vivant sous une dictature pourraient prétendre au statut de réfugié politique en France méconnaissent la réalité des mouvements de population et de migration forcée et supposent a priori les opinions politiques comme seules causes de persécution et sont donc symptomatique de la conception que l’on se fait du statut de réfugié. » Lire la suite
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