Ressource
Titre de la source : Qui figure dans les nouvelles ?Auteur(s) : Sarah Macharia, Dermot O’Connor, Lilian Ndangam
Éditeur(s) : WACC (Projet Mondial de Monitorage des Médias (GMMP))
Année : 2010
Qui figure dans les nouvelles ? (PDF, 4,8 Mo, 134 p.)
Quelle est la place des femmes dans les médias à travers le monde ? Quelles représentations associées aux hommes et aux femmes les médias véhiculent-ils ? Le Projet mondial de monitorage des médias (GMMP) représente la recherche la plus étendue et la plus substantielle au monde portant sur le genre dans les médias d’information.
En novembre 2009, les médias dans 108 pays ont été analysés. Des bénévoles formés provenant d’organisations pour les droits de la femme, d’associations de professionnels des médias, et d’universités, ont monitoré la représentation des femmes et des hommes ainsi que la représentation de genre dans leurs médias locaux. Le rapport GMMP 2010 révèle ce qu’ils ont trouvé.
Extrait de l’avant-propos :
Depuis 1995, le Projet mondial de monitorage des médias (GMMP) travaille à documenter le profond désaveu de la voix des femmes dans les médias d’information de la planète. Le projet prend source au cœur de l’une des préoccupations principales et persistantes du mouvement des femmes à travers le monde : l’aspect politique de la représentation. Depuis des décennies, les universitaires et les activistes féministes ont mis en lumière les dimensions culturelles du pouvoir et le rôle des médias dans la reproduction de schémas particuliers d’inégalité des genres. Cependant, jusqu’à l’avènement du GMMP il n’existait aucune vue d’ensemble mondiale en mesure de consigner la nature systématique de l’exclusion des femmes dans les médias d’information. L’un des résultats les plus étonnants émergeant de la première étude en 1995 est sans doute l’homogénéité des constatations, non seulement dans l’ensemble des trois médias (journaux, télévision, radio), mais également au sein des 71 pays qui en faisaient partie. Ainsi, le ratio femmes-hommes ne s’approchait de la parité dans aucun média, aucune région, non plus que dans les sujets des nouvelles. La visibilité des femmes dans les actualités était extrêmement et uniformément faible.
Les raisons pour lesquelles persiste cette exclusion des voix des femmes sont à la fois nombreuses et complexes. Lorsque mis au défi, les journalistes offrent fréquemment des explications plutôt simplistes : on n’a pas eu le temps de trouver une femme, on n’a pu convaincre aucune femme de s’exprimer, on n’a pu trouver une experte féminine adéquate, un rédacteur a jugé qu’un reportage mettant en lumière les dimensions de genre d’un sujet d’actualité ne méritait pas d’être signalé dans les nouvelles, et ainsi de suite. De telles réponses ne peuvent être perçues comme de simples rationalisations. Elles décrivent la réalité de la production quotidienne de l’information. Cependant, elles sont plus souvent qu’autrement une simple expression qui cache un enchevêtrement d’évaluations et de priorités liées au genre. En définissant de manière implicite les « gens » ou le « public » comme masculins, celles-ci ne reconnaissent pas les positions sociales et économiques distinctes des femmes et des hommes, les relations de genre qui déterminent et résultent de ces positions, et les priorités sexospécifiques qui surgissent de ces positions et de ces relations. Dans les nouvelles, la tendance à ignorer les femmes – ou au mieux – à parler de, plutôt qu’aux femmes ou par les femmes, est ainsi profondément incrustée dans les pratiques culturelles normatives et par conséquent, dans les coutumes de collecte et de production générale d’information. Ces pratiques et ces coutumes sont extrêmement difficiles à modifier, mais il ne s’agit pas d’une tâche impossible. La raison d’être du GMMP depuis sa création est précisément de contribuer à ce changement.
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