Ressource
Titre de la source : Les recompositions politiques du mouvement féministe français au regard du hijabAuteur(s) : Nicolas Dot-Pouillard
Éditeur(s) : SociologieS [En ligne] (Premiers textes)
Pays d'édition : France
Année : 2007
Les recompositions politiques du mouvement féministe français au regard du hijab (en ligne)
Depuis 2003 et « l’affaire du foulard » (deux lycéennes se sont fait exclure de leur lycée en Seine Saint-Denis, France), le paysage féministe français s’est transformé, divisé entre trois tendances bien marquées : recentrage sur la question de la laïcité républicaine, préservation de l’héritage historique du féminisme, et positionnement contre les exclusions scolaires et en posant les questions transversales du continuum colonial et des discriminations racistes et islamophobes.
Les recompositions politiques en cours au sein du mouvement féministe français ne touchent plus seulement à la nature du voile, mais bien au post-colonialisme, à la nature de l’école, aux différentes formes de discriminations, à la pluralité d’interprétations du religieux, et, enfin, à la diversité des stratégies d’émancipation chez les femmes. Le voile agit comme un révélateur et un miroir des tensions sous-jacentes à l’histoire du féminisme français, et plus largement, à celui du mouvement social et alter-mondialiste dans son ensemble.
Résumé :
L’exclusion d’un lycée public de deux jeunes filles voilées, en septembre 2004, et l’adoption de la loi relative à l’interdiction des signes religieux dans le primaire et secondaire de février 2005, ont posé la question de l’apparition de l’islam dans l’espace public. Mais la question du voile a débordé son objet premier, et a au final posé un certain nombre de questions relatives à la nature des liens entre l’espace public, l’État et la religion, à l’héritage et à l’impensé colonial, à ses conséquences sur les perceptions et les imaginaires collectifs. Ces problématiques ont littéralement déchiré le mouvement féministe français, et, au- delà, une large partie de la gauche française. C’est ainsi que le mouvement féministe français s’est vu littéralement coupé en trois positions : un nouveau féminisme républicain, fondé sur le paradigme assimilationiste et sur l’idée d’un espace public lisse et homogène, condition d’une véritable égalité ; un courant féministe historique, critiquant tout à la fois le voile comme instrument réactionnaire et la loi sur les signes religieux comme répressive et contre-productive ; un féminisme métisse enfin, dénonçant la vision coloniale de l’islam en France, et prêt à créer une transversalité entre féminisme occidental et féminisme musulman émergent.
Sommaire :
1. Préserver l’héritage du féminisme français
* Le mouvement féministe historique
* « Ni loi, ni voile »
2. Le recentrage sur un discours républicain et laïc
3. Un féminisme métisse
4. Recompositions, extensions et transversalités
* Le voile comme révélateur
* Extensions et débordements systématiques des problématiques
* La transgression des normes
* Interaction des dynamiques
* Nouveau féminisme républicain, ou post – féminisme queer ?
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